Il était là. J'étais à peine arrivée à cette soirée que l'on m'avait tout de suite confirmer sa présence, genre merci de la bonne nouvelle je m'en serais passé. La vérité c'est que j'étais conne un peu, il y avait la moitié des jeunes de la ville ici alors pourquoi lui il n'y serait pas hein ? Je veux dire, les fêtes et tout ça, ça devait bien être son terrain de chasse favoris.Je prend une gorgée de mon verre et fait semblant d'être à fond dans la conversation des gens avec qui j'étais venue, mais très vite je lâche le truc et jette un rapide coup d'oeil autour de moi. Et nos yeux se croisent, et très vite mon sourire se perd. Putain. Je détourne le regard subitement, ayant l'idée de faire comme si de rien n'était. Comme si je ne l'avais pas vu, et comme si ça ne me faisait rien. « Viens... » Sans me laisser trop le choix, il m'embarque avec lui à l'étage. Je reste debout dans la chambre en regrettant de ne pas avoir refuser, mais j'y pouvais rien, c'était plus fort que moi. « On a besoin de parler. » Je secoue vivement la tête, parler de quoi au juste ? Il m'avait trompée, j'étais au bout de ma vie, je ne vois ce qu'il y avait à ajouter. « J'ai pas envie de parler Keenan. J'ai plus rien à  te dire. » J'essaye tant bien  que mal de parler avec assurance, faire la fille forte un peu, alors qu'il me manque à un point...

C'était dur. Très dur. Je faisais de mon mieux pour rester calme alors qu'à l'intérieur j'étais en train de péter un câble. D'un côté, il suffisait juste que je lui 'pardonne' et on pourrait tout recommencer à zéro, comme si de rien était. Et peut être, peut-être que cette fois-ci, je serais assez pour lui, qu'il n'aurait pas besoin d'aller en voir une autre. Mais impossible. Ça ne voulait juste pas sortir de ma tête, je n'arrêtais pas de l'imaginer avec des tas d'autres filles maintenant, et c'est tout ce à quoi je pensais à présent. C'est ce qui me rendait folle. Peu importe les sentiments, je lui en voulais à la mort. « On doit arrêter de s'éviter, de faire semblant que l'on ne se voit pas... Dillon est une petite ville, tu sais » Je baisse les yeux car je sais très bien l'emprise qu'il a sur moi et je serais capable de lui céder dans la seconde si je ne fais pas gaffe. « Écoutes, je ne peux pas faire comme si de rien était. A chaque fois que je te vois, ça me tue. Tu peux comprendre ça ? Mais il avait raison, Dillon était une petite ville ce qui compliquait les choses. Je cherchais à tout prix à l'éviter mais j'avais l'impression que dès que je mettais un pied dehors, il était là, partout. « Je... c'est pas bien ce que j'ai fait.. mais j'peux pas revenir en arrière. J'ai besoin que tu me pardonnes, Aali... » Je laisse échapper un soupir, j'ai envie de le croire mais la confiance n'y était plus. « Je... Je peux pas. C'est trop tard. J'ai besoin que tu me laisses tranquille maintenant. » Et pourtant, cette simple idée me faisait encore plus que tout le reste. Je m'en voulais même, de ne pas être capable de le détester proprement.

« Je peux pas te laisser comme ça, tu le sais très bien. » Je réprime un rire, purement nerveux, j'avais juste l'impression qu'une fois de plus il me prenait pour conne et se foutait de moi. « Ah oui ? Ça n'a pas eu l'air de te déranger quand tu couchais avec ton autre meuf là. » Je réponds automatiquement, franchement écœurée. « Je demande pas à ce que tout redevienne comme avant, je veux juste que tu me pardonnes. Qu'on puisse se parler. Se confier l'un à l'autre. » Je reste silencieuse et ne bouge pas quand il me prend dans ses bras. Quelques secondes, juste un petit instant, le temps de me rappeler de tous ces bons souvenirs, ceux qui m'empêche de faire définitivement une croix sur lui. Son odeur et ses bras autour de moi qui me rappelaient juste à quel point il me manquait, et qu'en fait sans lui j'étais perdue. Et tout ce qui me venait à l'esprit c'est qu'il en avait serré - littéralement - une autre dans ses bras. Je le repousse en reculant. « J'ai pas envie qu'on se parle, j'ai pas envie de t'entendre me parler de tes nouvelles copines ou je sais pas. J'ai plus envie de te voir Keenan, c'est terminé. » Faux, mais c'est quand même ce que j'essaye de me faire croire. « J'espère qu'elle en valait la peine. » Un sourire amère aux lèvres, histoire de camoufler l'envie de chialer qui montait doucement.