Ça devait bien faire deux heures que je tournais sévèrement en rond chez moi, j'avais déjà mis sur les nerfs mes deux parents car il fallait croire que même après seize ans d'expérience il n'avait pas encore l'habitude de cette autre que je devenais lorsque je m'ennuyais. Ou plutôt, lorsque je me faisais royalement chier. Je n'étais pas de ses grosses dormeuses, du coup je m'étais levée à neuf heures tapantes alors que la veille, j'étais sortie avec Isaac plutôt tard, mais quand bien même j'avais émergée en pleine forme le lendemain matin. N'en pouvant plus finalement, mes deux pères presque à l'unisson m'avait ordonné de décamper de la maison et de ne pas revenir avant un long moment. Yen avait ils se faisaient envoyer dans leur chambre, et moi on m'expédiait dehors. Cherchez l'erreur. Sur le perron, je sortais mon téléphone et en me mettant en marche (je n'avais pas le droit de prendre la voiture pour des raisons que je tairais...) je parcourais vite fait mon répertoire, jusqu'à tombée sur le nom de ma cousine. Premier réflexe : Réveillée ? J'avançais de quelques mètres et n'ayant pas de réponse je renvoyais un autre sms. On se voit ? Je n'étais plus très loin de chez elle à présent, et j'envoyais un autre J'arrive ! Présumant que si je n'avais pas de réponse c'est parce qu'elle était encore à faire de beaux rêves dans son lit, je pressais un peu le pas en réfléchissant déjà à comment j'allais la tirer de son pieu tout en la faisant chier. Petit plaisir personnel. C'est ma tante qui m'ouvrit et alors qu'elle me prenait dans ses bras en me disant que ça faisait longtemps et que ça lui faisait plaisir de me voir, et tout le blabla dont seuls les parents ont le secret, elle m'annonça que Noam dormait toujours. Un léger sourire s'afficha sur mon visage alors que je déboulais en trombe dans sa chambre prenant un peu d'élan pour me jeter sur le tas que Noam, enfouie dans les couettes, formait. J’accueillais sa remarque avec un petit rire. « Moi aussi je suis contente de te voir ! » J'ironisais, tirant sur la couette non pas pour la mettre en rogne ou quoi, bien qu'on puisse penser le contraire mais seulement dans le but de la faire émerger. Finalement, je me levais en me postant devant la fenêtre et tirais les rideaux en grand afin de laisser passer la lumière. « Ah ouai putain, t'as vraiment une sale tête ça fait peine à voir. » Je devinais bien évidement que sa soirée de la veille avait dû être particulièrement mouvementée.

« T'as mal au crâne ? » Je lui demandais alors que je faisais aller et venir mes ongles sur son bureau, créant un boucan que le mal de tête causé par sa gueule de bois n'allait sûrement pas apprécié. Je n'aime pas quand on râle comme cela, et elle le savait bien, mais bon apparemment elle avait oublié. N'empêche qu'elle pourrait me remercier de lui donner la possibilité de profiter de sa journée, enfin de ce qu'il en restait, en ma compagnie qui plus est, au lieu de ronchonner à la vue de la lumière du jour. Il est vrai que quelque part, tout ça me faisait bien rire quand même, Noam au réveil il fallait le voir pour le croire. J'évitais de très peu le missile qui arrivait en bouldé droit sur moi, je ne relevais pas mais affichais une moue offensée à la place. « J'suppose que t'es bien réveillée maintenant, vu que tu commences déjà à te lancer des fleurs. » Je lui rendais son oreiller qui atterrit pitoyablement au niveau de ses genoux, oui bon c'est clair je faisais meilleure cheerleader que relanceuse, il n'y avait aucun doute. Je hausse simplement les épaules à ses dernières paroles, ce petit silence en disait long. Si j'avais attendu une réponse de sa part, je serais certainement morte et décomposée à l'heure qu'il est et puis ce n'était pas tellement mon genre de demander leur avis aux gens. « Si un jour tu réussis à sortir ta masse du lit avant moi, j'te promet de faire tout ce que tu veux pendant une journée ! » Je dis en riant, je me repose lourdement sur son lit à côté d'elle. « Bon alors qu'est-ce que t'as foutu hier ? » Je posais la question sachant très bien que ça n'allait sans doute pas me plaire, mais bon j'étais quand même curieuse de savoir ce qu'elle avait pu faire pour être dans un état pareil... Une fois de plus.

Noam, en fait, c'était un peu la sœur biologique que je n'avais jamais eu. Genre limite, jumelles séparées à la naissance. On se ressemble sur tellement de points que parfois je me pose sérieusement la question quoi. Aussi longtemps que je puisse m'en rappeler, on a toujours été très proches et depuis tout ce temps je prend toujours le même plaisir à la faire chier. Elle aussi d'ailleurs, mais chez moi c'était un véritable passe-temps. Comme un automatisme, dès que je la vois, je ne peux juste pas m'en empêcher. « Wow, il n'est pas un peu trop tôt pour toi pour faire des menaces comme ça ? » Je fis les gros yeux, l'air de n'avoir rien fait de si agaçant. Je laisse tomber mon regard sur mes ongles, fraîchement manucurés de la veille, ma petite signature. Je veux dire wear black or stay naked, jusqu'au bout des ongles. « T'aurais dû émerger il y a genre quatre heures ou un truc comme ça. » Je rétorquais en haussant les épaules. Très franchement, et je peux parler en connaissance de cause, Noam McAllister au réveil c'est vraiment vraiment pas la joie. Mais allez savoir pourquoi, pour moi c'était meilleur qu'un show à Broadway. Je venais juste d'esquiver l’oreiller qu'elle m'avait balancé, en faisant tomber un cadre qui était accroché au mur. « T'as vu ça, même le cadre il n'arrive pas à te supporter. » Je lui faisais remarquer en n'essayant même pas de me retenir de rire. « J'voudrais surtout pas en rajouter attends, tu passes comment la porte après si t'as la tête de la taille d'un melon et les chevilles d'un sumo hein ? Tu devrais me remercier en fait, c'est carrément un service que je te rend là ! » Je marquai une légère pause, le temps de m'installer à côté d'elle. « En plus je ne critique jamais, je constate juste. » Insérez un air entendu ici. N'empêche, ma cousine m'avait rarement autant fait rire dès son réveil, l'entendre me dire comme ça qu'elle se pointerait à huit heures du matin chez moi le lendemain, c'était hilarant mais à un autre level quoi. « Deal. » Je répétais quand même, je n'y croyais pas trop mais si jamais le miracle venait à se produire, je ferais son petit larbin pour la journée, juste histoire de célébrer quoi. Notre deal n'en n'était pas vraiment un tant qu'on ne l'avait pas scellé avec notre fameux check, un truc qu'on faisait depuis la nuit des temps il me semble et dont on abusait très certainement aussi. Après ça, je l'écoute blablater sur sa soirée de la veille, je la regarde en plissant les yeux malgré moi, elle est morte de rire et à fond dedans alors que moi je cherche encore à comprendre en quoi c'est si marrant d'avoir fait un blackout complet de la nuit et en prime une hangover de taré. Du coup, je ne tarde pas à décrocher et à fixer mon regard sur son plafond que je trouve subitement plus intéressant que son histoire jusqu'à qu'elle me sorte de ma contemplation avec sa question. Ce que j'avais ? « J'en ai un peu marre de me répéter alors cette fois je vais rien dire. » Par la même occasion, on évitera une énième prise de tête à ce sujet. Un peu de changement pour une fois. De toute façon elle savait très bien ce que je pensais de toutes ces histoires de fêtes façon Projet X et aux lendemains à la Very Bad Trip, ça va bien mais au bout d'un moment ça ne devient pas chiant un peu ? « Bon alors, tu veux faire quoi cet aprem ? Je veux dire, ton lit il est confortable et tout mais bon ce serait triste d'y passer la journée quand même. » Il fallait m'occuper moi, quelque part j'étais comme un gosse un peu, je supportais très mal l'ennui et si jamais ça m'arrivait je devenais encore plus chiante qu'à la normale.

Bon, j'avais battu un record il me semble. Après avoir essuyé, enfin je veux dire ignorer, quelques piques bien placées de la part de Noam. J’arquai nettement un sourcil, surprise par sa réaction. Oui surprise, je sais que par moment j'agaçais vraiment les gens, parce que je n'ai pas pour habitude de me taire quand quelque chose me déplaisait, mais bon pour moi là je n'avais encore rien fait de très préjudiciable. Je crois que Noam était particulièrement de mauvaise humeur en ce 'matin', enfin matin pour elle quoi. Le truc, c'est que ça arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps, elle se mettait une race en soirée, revenait à pas d'heures, et au réveil elle était parfaitement exécrable ce qui était synonyme de crêpage de chignon. En temps normal, c'est déjà quelque chose de me supporter mais avec un gueule de bois en plus, ça n'arrangeait pas les choses, on était juste incompatible dans ces moments là. « Tu vois c'est exactement de ça que je suis en train de parler. Qu'au final tu fasses n'importe quoi en soirée et que tu penses que c'est ça la belle vie, moi je m'en fous pas mal, j'ai bien compris que t'en avait rien à faire de ce que j'en pensais aussi.. Mais quand j'arrive, que t'es de mauvais poil à cause de tout ça, là oui ça me prend la tête. » C'est vrai quoi, je voulais bien admettre que j'y en étais pour un peu mais elle, pour beaucoup plus. Moi, j'avais toujours été comme ça, à taquiner, à provoquer, et ça fonctionnait plutôt bien avant, enfin je veux dire ce n'était pas tout aussi chaotique quoi. Depuis son grand 'changement de vie', j'avais du mal à reconnaître ma cousine qui était devenue si différente, j'avais comme l'impression qu'on ne se comprenait même plus. On s'éloignait de plus en plus, et ça oui, ça me faisait chier. Lui dire ça ne marchait pas, j'avais aussi appris que le lui hurler n'amènerait à rien, du coup j'étais à court d'idée moi. Je lâchais un long soupir en me levant de son lit.après avoir esquiver de peu une chaussure qui aurait pu m’assommer. « Ok, message reçu. Et puis bonne idée, je vais rester avec ta mère. Je suis sûre qu'elle au moins, elle a envie de passer du temps avec moi. Désolée d'avoir gâcher ta journée ou ta nuit, je n'arrive plus très bien à te suivre de toute façon. Amuses-toi bien avec tes trucs 'mortels' et tes amis trop 'cool'. Moi j'en ai ma claque de toi. » Connaissant très bien les lieux, je quittais sa chambre en claquant la porte derrière moi. Tout en descendant les escaliers, je me disais qu'aujourd'hui je m'étais surpasser. Si mettre en rogne Noam était un sport, je serais certainement médaillée olympique. Mais bon voilà, ça n'en n'était pas un et en attendant, c'était juste moi que ça faisait chier. J'avais horreur de me disputer avec elle, cependant, ça arrivait souvent parce qu'on avait deux gros tempérament et qu'au final on n'arrivait pas à se mettre d'accord sur un tas de choses. Je m'affalais dans son grand canapé et attrapait la télécommande pour allumer la télévision. Quoi ? Je n'allais pas rentrer chez moi, premièrement mes parents m'avaient banni pour la journée et puis, ici c'était tout comme ma deuxième maison alors...

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